Catherine Van de Voorde
Sophrologue à Paris 16
Catherine Van de Voorde
Sophrologue à Paris 16

Apprendre plus efficacement - Apprendre de ses erreurs et consolider ses acquis


Volet 3 - Les vertus de l'erreur et l'importance de la consolidation

Je vous propose dans ce troisième article de découvrir deux autres piliers fondateurs d'un apprentissage réussi que sont le retour sur erreur et la consolidation des acquis en explorant les enseignements des neurosciences et l'apport de la sophrologie sur le sujet.

Vous retrouverez en bas de l'article les sources sur lesquelles je me suis appuyée pour la rédaction de cet article. Bonne lecture !

Et si vous souhaitez retrouver les deux premiers volets de la thématique "Apprendre plus efficacement : ce que les neurosciences enseignent, ce que les pratiques psychocorporelles apportent", il vous suffit de cliquer sur les articles suivants : Volet 1 - Développer son attention       Volet 2 - S'engager de façon active

L'erreur, une étape vers la réussite

L'erreur a longtemps été considérée dans le milieu scolaire comme une anomalie, un élément négatif à proscrire. L'élève qui commettait une faute était coupable d'un manque de savoir. Les travaux en neurosciences mettent en évidence que, bien au contraire, l'erreur, loin d'être une faute, est une source de progrès pour l'élève et que se tromper participe pleinement à l'apprentissage.

Les enseignements des neurosciences

Les études en neurosciences ont montré que le cerveau est prédictif, c'est-à-dire doté d’un outil de calcul de probabilités. Le cerveau passe son temps à chercher à anticiper sur le monde extérieur, à comparer ses prédictions avec les observations issues de l’environnement et à apprendre de ses erreurs de prédiction qu’il détecte par lui-même ou par un retour d’information de l’environnement. Les connaissances sont mises à jour de la façon suivante :

  • Le cerveau génère des prédictions sur le monde extérieur
  • La comparaison de la prédiction avec la réalité (feedback immédiat) génère un signal d’erreur
  • Le modèle interne est ajusté afin de minimiser ce terme d’erreur
  • Au fur et à mesure, la prédiction est de mieux en mieux ajustée à la réalité
  • L'apprentissage cesse lorsqu'il n'y a plus d'erreur

L'apprentissage, qui se réalise par la différence entre la prédiction et le résultat, n'est donc pas un processus linéaire, il passe par des essais, des erreurs, des échecs…  Un cerveau qui ne commet aucune erreur de prédiction n’apprend pas. 

L'erreur fait donc partie du processus normal de l'apprentissage et possède un statut d'information. Le retour sur erreur (retour d'information ou feedback) qui est fourni à l'élève est donc capitale dans ce processus.

Selon les neurosciences, pour que l'enfant/adolescent/étudiant progresse, il est très important que ce retour sur erreur possède les caractéristiques suivantes :

  • Donné de façon immédiate afin que l'erreur ne s'installe pas
  • Progressif en passant du temps pour comprendre d'où vient l'erreur
  • Détaillé et explicatif 
  • Positif et encourageant afin d'activer la confiance et la motivation de l'élève

Il a été démontré que les approches punitives ou négatives sont néfastes aux apprentissages. En effet, un cerveau soumis à la peur, au stress ou à un sentiment d’impuissance n'apprend pas correctement comme le souligne Stanislas Dehaene "On sait que les émotions positives nourrissent la curiosité et l’enthousiasme de l’enfant, mais que les émotions négatives bloquent les apprentissages: elles figent les réseaux de neurones. Je plaide donc pour décomplexer l’erreur, notamment dans l’apprentissage des mathématiques, trop souvent source de stress".

En classe et à la maison, il est donc important que l'enseignant et le parent identifient l'erreur dans un climat de confiance et de compréhension pour permettre à l'élève de la dépasser. L'erreur ne doit pas représenter un danger en soi mais doit être perçue comme une étape vers la réussite.

Les apports de la sophrologie

Si l’erreur fait partie du processus d’apprentissage et devrait être considérée comme une étape normale sur le chemin de la réussite, se tromper, échouer est encore rarement vu de manière positive dans le système éducatif français, ce qui peut conduire certains élèves à perdre confiance en eux.

Pour gérer positivement ses erreurs, l'enfant doit avoir conscience de ses points forts, associer des émotions positives au retour sur erreur qui lui a été fait et croire en ses capacités à surmonter l'erreur ou l'échec. La confiance est donc capitale dans la gestion de l'erreur et de l'échec scolaire.

En 2018, une étude menée par le CAE (Conseil d'Analyse Economique) à partir des résultats de l'étude PISA (Programme International pour le Suivi des Acquis des élèves qui évalue les connaissances et compétences des élèves de 15 ans) a montré que les élèves français étaient plus anxieux, moins persévérants et avaient moins confiance en leurs capacités comparativement aux élèves des autres pays de l’OCDE. Ils se considéraient aussi comme particulièrement mauvais en mathématiques alors que ce n'était pas forcément le cas.

Alors que les résultats scolaires des jeunes Français se situent dans la moyenne de l’OCDE, la France se singularise en matière de compétences comportementales telles que la confiance en soi, l’estime de soi, l’anxiété et la persévérance.

Or, pour les économistes du CAE, les compétences comportementales influent sur les performances académiques, comme l'a montré un programme expérimental développé par l’association Énergie Jeunes dans 97 collèges défavorisés et qui a notamment permis d'augmenter les notes des filles de 10%.

La sophrologie est une méthode efficace et reconnue pour améliorer la connaissance de soila confiance en soi/en ses capacités et l'estime de soi. En fonction du contexte et selon le besoin de l'enfant/adolescent/étudiant, différents axes peuvent être travaillés pour l'aider à développer ces compétences comportementales en contexte scolaire

A titre d'exemples, voici certaines thématiques, non exhaustives et non exclusives, pour lesquelles je peux accompagner votre enfant à reconquérir confiance et estime de lui :

  • Travail pour se libérer de ses inhibitions à l'action et croyances limitantes (peur d'être jugé, peur de ne pas donner la bonne réponse, peur d'être puni, crainte de ne pas être à la hauteur des attentes des professeurs ou des parents, doutes sur ses capacités, ...)

  • Travail sur la prise de conscience de ses qualités, forces et réussites, l'affirmation de soi et l’esprit d’initiative

  • Travail sur la bienveillance envers lui-même, gratification et valeur de soi

  • Travail sur la gestion de ses émotions

  • Travail sur la gestion du stress et de la pression scolaire

  • Travail sur l'attention, la concentration ou la mémorisation

  • Travail de préparation mentale à un examen, un concours, une prise de parole devant des examinateurs afin de se projeter en réussite

La pratique de la sophrologie offre tout d'abord à l'enfant/adolescent/étudiant un espace où il peut exprimer ses craintes et où sa parole est accueillie avec bienveillance et encouragements. Puis, en mobilisant des exercices de respiration, de décontraction musculaire et des techniques de visualisation positive, la sophrologie permet à l'enfant/adolescent/étudiant de favoriser un état de bien-être global pour ensuite l'aider à poser un nouveau regard sur lui-même, plus positif, et développer sa croyance en sa capacité de réussite en contexte scolaire.

Au fur et à mesure de l'accompagnement, le jeune retrouve confiance, assurance, maitrise et envie de réussir.

L'intention est qu'il prenne conscience "qu'il n’y a jamais d’échec, il n’y a que des expériences" - Michaels Claeys

L'importance de la consolidation des acquis

Les enseignements des neurosciences

Alors que l'acquisition de nouvelles connaissances nécessite un traitement conscient avec effort et mobilise considérablement le cortex pré-frontal, la consolidation des acquis va conduire à terme à un traitement automatisé sans effort, inconscient et va permettre de libérer des ressources dans le cortex pré-frontal afin d’absorber de nouveaux apprentissages. La consolidation permet donc de passer d'un traitement lent, conscient avec effort à un fonctionnement rapide, inconscient et automatique.

Les trois principales "actions" qui permettent de rendre les tâches automatiques et inconscientes sont : 

  • La réactivation active et régulière des nouvelles connaissances, c'est-à-dire l'entrainement
  • La distribution des périodes d'entrainement plutôt que l'agglomération
  • Le sommeil

Quand on apprend une nouvelle notion, on crée de nouvelles connexions dans le cerveau et chaque fois que l'on répète de façon active et à intervalle régulier ce que l'on a appris, on active des neurones qui se connectent ensemble et renforcent progressivement les connexions établies. La réactivation active des connaissances permet donc d'accomplir une tâche plus rapidement et plus efficacement : «Après plusieurs activations cérébrales, les neurones deviennent donc de plus en plus connectés, ce qui permet aux influx nerveux de circuler dans le cerveau de plus en plus aisément et efficacement» comme l'indique Steve Masson mais il faut remobiliser régulièrement ces connexions sinon elles s'affaiblissent ce qui explique pourquoi il arrive d’oublier ce que nous avons déjà appris.

Selon les chercheurs, il est plus efficace pour la consolidation des acquis d'entrecouper les temps de réactivation des connaissances de pauses régulières plutôt que de les concentrer car cela permet aux nouveaux souvenirs d'être mémorisés. Ils conseillent également de distribuer les périodes de révision dans le temps plutôt que de les agglomérer car le regroupement des révisions en une seule session diminue l'activité cérébrale dans une région données sans doute par effet d'habituation à l'information. A l'inverse, l'espacement des apprentissages augmente l'activité cérébrale car elle force les circuits sollicités à travailler davantage.

Le sommeil joue également un rôle central dans la consolidation des acquis. Après l'endormissement, les neurones et les structures cérébrales activés le jour au cours des apprentissages sont spontanément réactivés. Le cerveau endormi, non seulement révise mais travaille aussi sur les informations qu'il vient d'apprendre. La fonction principale du sommeil serait le transfert des épisodes d’apprentissage de la veille avec l’hippocampe qui engrangerait les souvenirs de la journée - mémoire rapide - et, au cours de la nuit, la réactivation de ces signaux permettrait d’entraîner des circuits supplémentaires du cortex - mémoire lente capable d’extraire des règles et invariants. Le sommeil lent profond serait plus important pour la consolidation des souvenirs et des connaissances alors que le sommeil paradoxal serait plus utile pour les apprentissages moteurs (savoir-faire).

Un sommeil en quantité suffisante et de qualité est donc indispensable pour les apprentissages. Des travaux menés par des chercheurs de l’Inserm de l’Unité 1000 « Neuroimagerie et psychiatrie » (Inserm/Université Paris-Descartes/Université Paris-Sud) qui ont étudié le cerveau et les habitudes de sommeil de 177 élèves de 14 ans ont montré qu’une durée de sommeil courte, de moins de 7h, en semaine et qu’une heure de coucher tardive le week-end, étaient corrélés avec une diminution du volume de matière grise dans plusieurs régions cérébrales impliquées dans l’attention, la concentration et la capacité à réaliser des tâches simultanées et conduisait à une moindre performance scolaire.

Les principaux conseils en matière de sommeil pour optimiser le processus de consolidation sont les suivants:

  • Il faut veiller à ne pas perturber l'architecture des cycles du sommeil afin de ne pas perturber les apprentissages en général comme le recommande le neuropsychologue Françis Eustache
  • Il faut éviter de se coucher systématiquement trop tard pendant les week-ends pour optimiser le  potentiel de développement du cerveau et contribuer à la réussite scolaire
  • Il faut veiller à ce que le temps de sommeil total soit suffisant pour le jeune, selon son âge *
  • Pour un bénéfice maximal, il semble que le sommeil doive survenir dans les heures qui suivent l’apprentissage
  • La consolidation est particulièrement importante pour les informations que nous avons besoin d’apprendre
  • Il faut laisser dormir les adolescents dont les cycles de sommeil sont décalés

* La National sleep Foundation, en 2017, a évalué les durées du sommeil par tranches d’âges (site Réseau Morphée):

Les apports de la sophrologie

De nombreuses enquêtes soulignent la diminution du temps de sommeil total et une dégradation de la qualité de celui-ci chez les jeunes au cours de ces dernières décennies. Le temps de sommeil moyen des jeunes a notamment diminué du fait d’un retard progressif de l’heure du coucher dû à la sur-sollicitation technologique (télévision, Internet, jeux vidéo, téléphone portable...).

Si des règles d'hygiène de sommeil (activité physique, gestion des écrans, retrait des excitants ...) doivent être appliquées en première intention, la sophrologie est un excellent complément pour retrouver un sommeil réparateur de façon naturelle. Que la problématique soit liée à des difficultés à s'endormir, à des nuits agitées ou à des réveils fréquents ou précoces, la sophrologie améliore le sommeil grâce à des exercices simples et accessibles aux enfants/adolescents/étudiants.

Un accompagnement sophrologique individuel varie entre 5 et 10 séances en général mais un cycle de 5 séances peut s'avérer suffisant pour une progression significative et une autonomisation du jeune. Ces séances s'échelonnent à un rythme hebdomadaire puis avec un espacement progressif.

Les principales techniques utilisées sont : 

  • Les exercices respiratoires qui permettent de faciliter l'activité parasympathique de l'organisme, de favoriser la détente et d'aider à canaliser les pensées. Ils peuvent être utilisés en journée et le soir/nuit pour faciliter l'endormissement/ré-endormissement. Il s'agit notamment de la respiration abdominale et de ses variantes comme par exemple la respiration 3-2-6-2 qui consiste à inspirer en comptant mentalement jusqu'à 3, retenir l'air poumons pleins sur 2 temps, expirer sur 6 temps et retenir l'air, poumons vides, sur 2 temps
  • La sieste flash inspirée de Salvador Dali qui permet de retrouver une vigilance la journée tout en restaurant le sommeil nocturne. Cette sieste, à programmer idéalement entre 12h00 et 15h00, moment où la vigilance est au minimum, a une durée de 2 à 5 minutes maximum qui correspondent aux premières phases du sommeil lent léger. Elle procure une détente physique et mentale  et permet de se revitaliser
  • Les relaxations dynamiques qui associent les mouvements du corps à la respiration pour favoriser la détente
  • Le body scan associé ou non à des contractions musculaires qui propose une relaxation profonde de tout le corps en mettant l'accent sur les sensations du corps
  • Les relaxations profondes avec visualisation d'images, souvenirs ou projections agréables qui vont générer des perceptions relaxantes et favoriser l'endormissement/ré-endormissement

Les bénéfices des séances s'expriment à différents niveaux :

  • Meilleure écoute du corps et des besoins de son horloge biologique

  • Détente du corps et du mental propice au sommeil

  • Récupération physique et mentale

  • Meilleure gestion du stress au quotidien

  • Mise en place d'un conditionnement positif du sommeil

Les bienfaits de la sophrologie sur les difficultés d’endormissement, les réveils nocturnes et la mauvaise qualité du sommeil sont de plus en plus reconnus par les spécialistes du sommeil. Si vous souhaitez que votre enfant retrouve le chemin du sommeil, n'hésitez pas à me contacter pour des séances de sophrologie adaptées au besoin de votre enfant.

Sources

Sciences et Avenir/La recherche - Les supers pouvoirs du cerveau - N°896 - Octobre 2021

Stanislas Dehaene - Apprendre ! Les talents du cerveau, le défi des machines - Odile Jacob, 2018

https://www.lexpress.fr/actualite/societe/les-quatre-piliers-de-l-apprentissage_2031330.html

Apprendre et former avec les sciences cognitives - Le cerveau prédictif 

Yann Algana , Élise Huilleryb et Corinne Prostc, Confiance, coopération et autonomie : pour une école du XXIe siècle, Les notes du conseil d’analyse économique, n° 48, octobre 2018

Le manque de sommeil altère le cerveau des ados - Inserm -  Mars 2017

Sommeil et scolarité – Institut National du Sommeil et de la Vigilance et MGEN  - 2018

Le sommeil, Chapitre 17 - C. Rome et S. Giraudeau - Guide de sophrologie appliquée - Sous la direction de Richard Esposito - 2nde édition - Elsevier Masson - 2017


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